jeudi 9 juin 2011

Refus des contrôles biométriques à la cantine



[Communiqué FCPE Embrun]
La cité scolaire d'Embrun a envoyé récemment un courrier aux familles des élèves pour leur signifier la prochaine introduction d'un dispositif biométrique de contrôle d'accès à la demi-pension.

Un débat inexistant au collège
Seuls les parents siégeant au Conseil d'Administration du lycée avaient été préalablement informés. Les représentants FCPE du lycée ont fait connaître leur opposition à ce projet lors d'une visite au collège de Fontreyne puis lors du vote du Conseil d'Administration du lycée.
Les parents élus au Conseil d'Administration du collège n'ont jamais été officiellement informés de l'existence d'un projet de contrôle biométrique et encore moins conviés à débattre sur ce dispositif qui va pourtant concerner tous les collégiens, le public le plus jeune.

Une information partielle et un choix orienté
Dans une lettre envoyée aux familles, l'établissement a présenté le dispositif de contrôle tout en laissant un choix apparent aux familles. Toutefois, le mot "biométrie" n'est jamais employé dans le courrier, l'argumentaire est uniquement en faveur du dispositif et les parents qui s’y opposeraient sont avertis qu'ils devront financer un badge. En l'absence de débat au collège sur les enjeux, en assimilant une démarche passive des familles à l’acceptation du dispositif biométrique mais en exigeant une démarche active pour le choix du dispositif par badge, en ne stipulant pas que l’opposition à l’utilisation du dispositif biométrique est un droit mentionné par la CNIL mais en décidant que l'exercice de ce droit par les familles les exposait à une pénalisation financière (non tarifée), l'administration peut raisonnablement s'attendre à un nombre de rejets faible.

Un débat éthique nécessaire
Après l’introduction des caméras de vidéo surveillance au sein de la cité scolaire, il s’agit d’une étape supplémentaire dans la soumission du corps des élèves à une machine. Les habitudes ainsi données aux jeunes élèves relèvent de choix éducatifs dans lesquels nous ne nous reconnaissons pas. Ils concourent à l'acceptation sans réflexion des nouvelles techniques de surveillance électronique. Le Gixel préconise d'ailleurs d’éduquer les enfants à la soumission aux technologies de contrôle dès la maternelle. Nous pensons que ces enjeux auraient du faire l'objet d'un débat préalable au sein de toute la communauté éducative de la cité scolaire. Sur ce point, le fabricant du matériel de contrôle estime lui-même que "l’introduction de la biométrie dans un établissement doit être l’occasion d’un véritable débat entre toutes les parties prenantes : les élèves, la vie scolaire, l’administration, les parents."
Cette absence de débat a d'ailleurs été motivant dans la décision prise en 2007 par la région PACA d'arrêter de financer les systèmes de contrôles biométriques.

Oubli, Prêt
Un des arguments avancés en faveur de la biométrie est de pallier aux oublis ou pertes de carte. Cette position est aussi un renoncement à la responsabilisation de l'élève en la matière.
Une autre justification résiderait dans la lutte contre d'éventuelles pratiques de prêts de cartes. C'est aussi faire le choix d'une rehausse du dispositif sécuritaire applicable à tous en lieu et place d'une action éducative destinée à quelques uns.

Hygiène, Temps de contrôles plus longs
Concernant les questions d'hygiène que soulève l'apposition de toutes les mains sur la même surface, le constructeur annonce que "pour éviter la prolifération des bactéries après l’identification, il suffit de placer un distributeur de gel bactéricide à sec après le lecteur". Le temps de nettoyage ne pourra donc être pris qu’après avoir satisfait aux procédures de contrôle et juste avant de se servir, ce qui pourra rallonger le temps total d’attente et de passage.
Les contrôles biométriques vont nécessairement générer une nouvelle contrainte de temps. La procédure d'authentification en elle-même comprend deux phases : d'abord la saisie d'un code par l'élève suivie d'une opération de reconnaissance de la main. Le constructeur informe que "le fait de taper un code puis de positionner sa main sur une plaque sera toujours plus long que de passer une carte magnétique". Il annonce un débit de 6 élèves à la minute et avertit en ces termes : "Attention à établir des plages de services qui intègrent cette donnée". Nous craignons que l'allongement des temps de contrôles engendre une dégradation de la qualité de la pause méridienne.

En conclusion
L'instauration d’un dispositif de contrôle biométrique ne correspond en rien aux attentes de la FCPE concernant le service de restauration scolaire et est contraire aux valeurs qu’elle défend. Le conseil local d’Embrun de la  FCPE s’oppose donc au choix fait par la cité scolaire d'Embrun. La FCPE demande que des solutions exemptes de contrôle biométrique soient étudiées (maintenance de l'existant ou acquisition).


Conseil local de la FCPE d'Embrun. Le 09 juin 2011